Dehors : la nature qui m’inspire

Fagnes / Baraque Michel ©Jérémy Parotte

Un peu lassé des réseaux sociaux (j’ai cru comprendre que je n’étais pas le seul), ça fait longtemps que j’y pensais : un blog. À l’ancienne ? Disons ça! Des réflexions, des références, des partages…loin du flux algorithmique. Ne m’en voulez pas si des touches d’autobiographie parsèment mes textes, vous lirez entre les lignes qu’elles sont tournées vers autre chose, puis c’est finalement le premier monde qu’on est en droit d’explorer !

J’ouvre donc le bal :

Ma plus grande liberté acquise au terme d’une décennie de totale d’indépendance professionnelle n’est pas de choisir mes horaires ou mes dates de congés, d’avoir – peu à peu – pu sélectionner mes projets, de ne plus devoir rendre de comptes (ce n’est jamais totalement vrai), de dormir tard (j’aime me lever tôt), de choisir quand, comment et pourquoi je veux investir mon temps et mon énergie…
Ma plus grande liberté c’est m’offrir le luxe, plusieurs fois par semaine, de passer un moment dehors, seul ou accompagné d’un de mes jeunes enfants, sans aucun but précis. Être ouvert au hasard d’une rencontre, humaine ou non, me laisser emporter par mes pensées ou m’en désencombrer, observer, ralentir.

Au début je me disais « Ce n’est pas sérieux, tu ferais mieux de … ». Mais si, c’est très sérieux. 

«  (…) ces jours où l’oisiveté était la plus attirante et la plus productive des industries. Combien de matins ai-je aussi volé de la sorte, préférant passer la part la plus précieuse du jour à ne rien faire; et je n’éprouve aucun regret à ne pas avoir gâché d’avantage dans un atelier ou à mon bureau. »
(Thoreau, 1845)

Ces moments sont d’ailleurs devenus indispensables à la qualité de tout le reste, à ma motivation. Ils sont une grande source d’inspiration dans mon travail et dans ma façon de vivre au quotidien. 

Je n’invite ici personne à arrêter de bosser. Je crois en l’idée de « travailler » au sens de faire quelque chose qui a du sens pour soi (conscient qu’il s’agit déjà d’un réel privilège) et qui trouve une place utile dans la vie en collectivité. Mais l’énergie nécessaire à chacun pour accomplir quoi que ce soit vient forcément de quelque part…et passer du temps en pleine nature ralentit ce temps trop pressé.

Un attrait pour le vivant qui ne date pas d’hier…

Enfant, je rêvais d’être paléontologue. Entre mes 7 et mes 19 ans, j’ai partagé ma chambre avec un Iguane, un caméléon, des geckos et autres tortues, pour le grand plaisir de mes parents. Bien sur je connais aujourd’hui la réalité de ces commerces d’animaux exotiques, mais j’étais jeune et innocent. Je passais des heures à soulever des pierres et des souches dans l’espoir de trouver une reproduction miniature des géants qui alimentaient mes rêves. A l’école, je scrutais les haies dans l’espoir d’y dégoter des chenilles. En parallèle, mon père, chasseur, entretenait une micro-ferme dans le fond du jardin avec poules, canards, lièvres, chèvres… ! Il était – et est encore – du genre à nourrir des oisillons tombés du nid à la seringue au milieu de la nuit. Comme quoi il ne faut pas s’arrêter trop vite aux étiquettes ! 

Ado, dès la 5e secondaire, je voulais réellement étudier l’herpétologie (branche de l’histoire naturelle qui traite des amphibiens et des reptiles), devant alors passer par des études de Biologie. À l’époque, mon rejet de matières telles que la physique, la chimie et les mathématiques m’en a dissuadé.
Sans regret : je suis parti vers tout autre chose et me voilà ici.

Vie et travail se mêlent dans une même recherche de sens

À la fin de mon master en médiation culturelle, mon horaire était axé sur un mémoire de fin d’étude me laissait du temps libre, j’ai postulé pour un job étudiant chez Greenpeace. Ces gens qui nous interpellent dans la rue pour nous faire signer un ordre permanent après avoir parlé  du vivant qui disparait et de grandes entreprises qui n’y sont pas pour rien ? ceux que, parfois, on contourne l’air de rien ? (On l’a tous fait, aucun jugement). Et bien j’en étais. Aux quatre coins de la Wallonie et de Bruxelles. Et j’étais plutôt bon ! Mon plus grand succès fut de faire signer mon prof de cinéma à la sortie de ses courses du dimanche matin, à Liège : 20 euros par mois pour sauver les baleines ! 

Bref, des années, anecdotes et expériences plus tard…

Alors que l’agence audiovisuelle Otra Vista (co-fondée avec mon ami Noel Garsou) tournait à plein régime, en 2017, et que nous aurions pu nous concentrer uniquement sur nos commandes et nos clients, c’est la découverte d’une plateforme permettant de planter des arbres à travers divers projets locaux de plantations de par de le monde (Reforest’action) qui m’a sorti un instant de ce flux incessant : offre/écriture/réalisation/montage/repeat. Tout d’un coup, l’idée de planter des arbres pour chaque projet réalisé devenait aussi excitante dans ma tête que les projets eux-mêmes. Et puisque tout se lie, plus tard, cet acte de reforestation inspirera le projet Trail for trees. (Parenthèse : cette idée que « planter des arbres va sauver le monde » évolue et doit être revue à la lumière des récents bilans, carbones notamment, sur les plantations massives…Tous les projets ne se valent pas).

La même année, une commande pour un film documentaire en Tanzanie sur la fondation « Cocoa for Schools » en Tanzanie allait définitivement me détourner l’esprit du « business as usual » et faire naitre de nouvelles envies reprises sous un nom, disons « une idée vaste », à partir de 2018 : Amerigo Park. Un nouveau terrain d’explorations créatives, artistiques, qui faisaient sens. D’abord tourné vers le documentaire, il prend aujourd’hui de nouvelles formes avec une constante : le récit.  

De là est née l’impossibilité grandissante de séparer ma vie privée de ma vie professionnelle, mes convictions de mes actions. Ce que beaucoup appellent aussi aujourd’hui « une transition ». Et puisque nous avons tous nos contradictions, et que le système va plus vite que notre énergie, c’est un parcours infini ! Toujours est il que, selon ma petite expérience personnelle, de nouvelles aventures s’ouvrent à chaque pas supplémentaire, professionnelles ou non, c’est passionnant et le retour en arrière est impossible.

Un nouveau projet qui mêle photographie et écriture

Revenons un instant à ces escapades en nature.

Mes errances sont souvent accompagnées d’un appareil photo. Au fil des années (disons depuis la fin de mon adolescence jusqu’à aujourd’hui) je me suis tourné vers une pratique de la photographie toujours plus intim qui pourrait à présent se traduire par : « Voici mon état d’esprit à un instant T ». Et nulle doute qu’elle évoluera encore.
Des décors, des détails, parfois des visages mais plus rarement, qui font écho à ce que je ressens et vis. Des impressions qui se combinent à des carnets écrits que j’entretiens depuis quelques années également. Je ne propose pas de photo parfaite ! Je ne suis pas équipé ou formé pour. Si je sais apprécier le travail des techniciens de l’image, je dois avouer que cette idée de « ‘photo pour la photo » a tendance à moins me toucher au vu de la quantité d’images qui nous parviennent. C’est ainsi, les pratiques évoluent avec les canaux de diffusion. Le trop n’est plus la tendance et Instagram a fait rêver – ou au moins découvrir des choses intéressantes – autant qu’il a lissé, poli, parfois jusqu’a l’ennui. Mais quand une belle photo (encore que cela reste subjectif) s’intègre dans un projet, un récit, une démarche… à ce moment elle retient à nouveau mon attention.

Je ne me considère donc pas vraiment comme un photographe. D’ailleurs, la plupart des clichés ne sortiront jamais du cercle de mes proches. 

Et pourtant, de tout ça est né le désir d’un nouveau projet photographique à partager, justement : « Dehors : (Sur)Impressions ».  Mêlant photographies et écrits personnels, à la frontière du journal et de la poésie, il questionne notre rapport au vivant et au temps dans nos sociétés dites modernes où tout doit toujours aller plus vite. Il invite à ralentir devant l’image, lire et écouter pour susciter des réflexions et des émotions, à partir de ce qui nous relie : notre rapport au vivant.
Je suis né en 1986 et suis donc de cette génération qui a vécu et incorporé les grands bouleversements technologiques des dernières décennies (toujours présentés comme positifs voire nécessaires) qui redéfinissent sans cesse nos rapports aux autres, à l’espace et au temps. Je ne suis pas contre tout…Mais je me questionne, comme beaucoup, sur la notion de « progrès » qui accompagnent ces innovations.

Comme tant d’autres, j’éprouve le besoin de rêver, et je pense que cela passe par des rapports humains, des échanges réels, une re-connexion à cette Nature dont nous faisons partie. 
J’ai envie de sortir un instant de ce flux général en ramenant la création et son partage à échelle humaine. C’est cette porte d’entrée que j’ai choisie pour ce nouveau projet qui sera proposé au printemps 2026.

(Et si tu veux es curieux.se de découvrir mon projet photo précédent, « Downtown Verviers : un été en ville » accompagné d’un carnet photos/textes de 40 pages toujours disponible, c’est par ici !)

©Jérémy Parotte – Cet attrait pour la Nature sauvage a généré en moi depuis l’enfance un désir toujours plus grand de la comprendre et de la préserver…Que je partage avec mes enfants.

Bon, j’ai presque fini.

Si ces réflexions te parlent, si tu te retrouves un peu (ou beaucoup) dans cet article, je te partage 3 livres qui questionnent notre rapport au vivant et à la vie tout court, et qui ont une un grand impact sur moi. Ces bouquins, je les lis et relis encore et encore pour y puiser des idées nouvelles, je les offre à mes amis, ils me font du bien. Des « classiques » parce que lus par des milliers de personnes à travers le monde, intemporels parce que, depuis leurs parutions parfois d’un autre âge, ils ont trouvé de nouveaux échos auprès de chaque génération (le propre de tous les chefs d’œuvre qui ont traversé le temps ?).

Je te laisse t’informer sur leurs contenus et ne développe ici aucune critique (d’autres font ça mieux que moi) :

  1. « Walden » de Henry David Thoreau, 1845. Mon livre de chevet, l’oeuvre que je recommande à tout le monde.
  2. « Un été dans la Sierra » de John Muir, 1911. Récit de voyage d’un grand Homme, écrivain, naturaliste, défenseur de l’environnement et écologiste avant l’heure, père fondateur des Parcs Nationaux…De l’émerveillement en pleine nature dans ces grands espaces de l’ouest américain.
    Si vous voulez entrer dans l’univers de John Muir, l' »Appel du sauvage » (Muir, 1903) me semble approprié ou encore et plus récent « J’aurais pu devenir millionnaire, j’ai choisi d’être vagabond » d’Alexis Jenni.
  3. « Into the wild » de Jon Krakauer, 1996. Plus récent, épopée tragique mais passionnante d’un jeune qui fuit une société dans laquelle il ne se reconnait plus. Tiens tiens…

    Chacun de ces livres sera assurément disponible en rayon ou sur commande dans votre librairie indépendante locale. Sélection 100% américaine (bien que Muir était écossais) et 100% masculine : Mes excuses, c’est un hasard. Je promets des références plus hétérogènes dans mes prochains articles …


    Et mais tu as tout lu ! Merci.
    Si tu veux échanger quelque chose, une lecture, un avis, un projet, une pensée… n’importe quoi, sauf des réclamations : hello@amerigopark.com

    La prochaine fois, on va un peu voyager !
    Je ne suis pas encore prêt, et ne le serai peut-être jamais, à me lancer dans des newsletters, bien que conscient de ses atouts non négligeables (comme ne pas créer du contenu qui ne sera peut-être jamais lu).

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    Jérémy