Dehors : la nature qui inspire

Ma plus grande liberté acquise au terme d’une décennie de totale d’indépendance professionnelle n’est pas de choisir mes horaires ou mes dates de congés, d’avoir – peu à peu – pu sélectionner mes projets, de ne plus devoir rendre de comptes (ce n’est jamais totalement vrai), de dormir tard (j’aime me lever tôt), de choisir quand, comment et pourquoi je veux investir mon temps et mon énergie…
Ma plus grande liberté c’est m’offrir le luxe, plusieurs fois par semaine, de passer un moment dehors, seul ou accompagné d’un de mes jeunes enfants, sans aucun but précis. Etre ouvert au hasard d’une rencontre, humaine ou non, me laisser emporter par mes pensées ou me désencombrer de celles-ci, observer, ralentir.
Au début je me disais « Ce n’est pas sérieux, tu devrais plutôt … ». Mais si, c’est très sérieux.
« (…) ces jours où l’oisiveté était la plus attirante et la plus productive des industries. Combien de matins ai-je aussi volés de la sorte, préférant passer la part la plus précieuse du jour à ne rien faire; et je n’éprouve aucun regret à ne pas avoir gâché d’avantage dans un atelier ou à mon bureau. »
(Thoreau, 1845)
Ces moments sont d’ailleurs devenus indispensables à la qualité de tout le reste, à ma motivation. Ils sont une grande source d’inspiration dans mon travail et dans ma façon de vivre au quotidien.
Je n’invite personne à arrêter de bosser. Je crois en l’idée de « travailler » au sens de faire quelque chose qui a du sens pour soi (conscient que c’est déjà un réel privilège) et qui trouve une place utile dans la vie en collectivité. Mais l’énergie nécessaire à chacun pour accomplir quoi que ce soit vient forcément de quelque part…et passer du temps en pleine nature ralenti ce temps trop pressé.
Vie et travail se mêlent dans une même recherche de sens
Puisque ces errances sont le plus souvent accompagnées d’un – discret – appareil photo, j’ai souvent l’occasion de mettre en images ma vision, ou plutôt mon état d’esprit à un instant T. De là est né l’idée d’un nouveau projet photographique et réflexif : « Dehors : (Sur)Impressions ».
Un projet de création artistique mêlant photographies et écriture, et, dans une moindre mesure, musique et vidéo, qui questionne notre rapport au vivant et au temps dans nos sociétés dites moderne où tout va toujours plus vite. Inviter le spectateur/lecteur à ralentir devant l’image, lire et écouter pour susciter des réflexions et des émotions autour ce qui nous lie : notre rapport au vivant.
Je suis né en 1986 et suis donc de cette génération qui a vécu et incorporé les grands bouleversements technologiques des dernières décennies, présentés comme positifs voire nécessaires, qui redéfinissent sans cesse nos rapports aux autres, à l’espace et au temps. Je ne suis pas contre tout…Mais je me questionne, comme beaucoup, sur la notion de « progrès » qui accompagnent ces innovations. Comme beaucoup, j’éprouve le besoin de rêver, de remettre de l’espoir dans le quotidien, et je pense que cela passe par des rapports humains, des échanges réels, une re-connexion à cette Nature dont nous faisons partie. Sortir un instant de ce flux en ramenant la création et son partage à échelle humaine comme condition préalable à beaucoup d’enjeux et de défis actuels. C’est cette porte d’entrée que j’ai choisie pour ce nouveau projet dont je reparlerai en temps voulu, soit autour du printemps 2026.
Cet attrait pour la Nature, disons la nature sauvage, a généré au moins un désir toujours plus puissant de la comprendre et de la préserver…
Pour découvrir mon projet photo précédent, « Downtown Verviers : un été en ville » accompagné d’un fanzine toujours disponible, c’est par ici !

Si ces réflexions vous parlent, si vous vous retrouvez un peu (ou beaucoup) dans cet article, je vous partage 3 livres « classiques », parmi d’autres, qui questionnent notre rapport au vivant et, souvent, à la vie tout court, qui ont une un immense impact sur moi, que je lis et relis encore et encore pour y puiser des idées nouvelles, ou juste parce qu’ils font du bien. Des classiques parce que lus par des millions de personnes à travers le monde, intemporels parce qu’à chaque époque ils ont trouvé de nouveaux échos (le propre de tous les chefs d’oeuvres qui ont traversé le temps…) :
- « Walden » de Henry David Thoreau, 1845. Mon livre de chevet, l’oeuvre qui m’a le plus marqué et que je recommande à tout le monde.
- « Un été dans la Sierra » de John Muir, 1911. Récit de voyage d’un grand Homme, écrivain, naturaliste et défenseur de l’environnement et écologiste avant l’heure, père fondateur des Parcs Nationaux…De l’émerveillement en pleine nature dans ces grands espaces de l’ouest américain.
Si vous voulez entrer dans l’univers de Jhon Muir, l' »Appel du sauvage » (Muir, 1903) me semble approprié ou encore « J’aurais pu devenir millionnaire, j’ai choisi d’être vagabond » d’Alexis Jenni. - « Into the wild » de Jon Krakauer, 1996. Plus récent, une épopée tragique mais passionnante – très connue à travers le film de Sean Penn mais souvent moins par le livre dont il est inspiré – d’un jeune qui fuit une société dans laquelle il ne se reconnait plus. Une thématique bien d’actualité dans un contexte où il semble toujours plus impossible d’échapper à cette grande marche du progrès… Personnellement, elle fait écho, comme d’autres récits similaires (dont certains sont présentés par l’auteur dans ce livre), à mes ressentis. A lire même si vous connaissez le film par coeur…
Chacun de ses livres sera assurément disponible en rayon ou sur commande dans votre librairie indépendante locale. Dans un prochain article, je reviendrai avec des références plus récentes.
Merci pour l’attention et n’oubliez pas de prendre l’air !
Jérémy